escapade saumuroise

C'est là que nous nous sommes rencontrés. Là encore qu'est né notre premier enfant. Peut-être là que nous retournerons bientôt. Comme pour un grand oral, cartable en main, dossier sous le bras, nous sommes entrés dans la banque. Par quel mot entâmer la première phrase? Elles ont défilé les phrases démontrant notre passion pour ce projet. Plusieurs fois je l'ai regardé, lui, il s'exprimait avec tant d'aisance, je découvrais un aspect de sa personnalité resté caché plus de 10 ans. En fait, le soir de notre première rencontre, il avait essayé de me convaincre de la prédisposition de l'être humain à vivre 250 ans avec la même éloquence, j'étais presque convaicue mais conquise assurément. Finalement peut-être qu'avec le temps je ne l'entendais plus. Sur le chemin du retour, je regardais les vignes défiler, et le paysage valonné si différent de notre actuel marais, dénudé et plat.  Il faisait froid mais le soleil nous a entrainé dans les rues animées d'un jour de marché, sur les traces des 8 années passées là. J'aurais voulu rester plus longtemps, comme pour me convaincre que tout ce passerait bien que nous serions toujours heureux même en revenant sur les traces  d'une vie si différente. L'accueil enthousiaste fait à notre projet nous a lancé sur des rails. J'ai toujours des tas d'idées et des tas de doutes, l'envie et la peur de réussir, entre rêve et réalité, si cette fois il m'étais permis de rêver en vrai. J'imagine du blanc sur les murs et les poutres, du vert amande, du bleu ardoise presque noir, des fleurs aux couleurs vives dans la chambre de Zoé, des oliviers de chaque côtés de la porte, des odeurs de cuisine, des photos de famille sur les murs, des livres beaucoup de livres, pour eux pour moi, pour tous ceux qui entreront. Il m'a dit "peut-être qu'en revenant la boucle sera bouclée", ça veut dire que nous poserions les valises?