A la maison

Les valises gisent sur le lit de la chambre, éventrées, en guise de viscères vêtements et autres souvenirs d'une semaine de vacances. Le soleil, grand absent des derniers jours, pénètre et illumine ce qui, hier, était recouvert de gris. Le matin du retour personne n'était pourtant décidé à rentrer. La veille, papi n'avait pas travaillé de la journée. Après un débat politique houleux au départ attentif à l'arrivée, il a aidé Zoé à mémoriser ses tables de multiplication comme il le faisait avec moi, en chanson. Mamie préparait des gâteaux avec Achille pour les invitées du soir. 3 filles de plus dans la maison, du vent et la pluie dehors, il n'a pas fallu longtemps aux garçons pour s'éclipser laissant se poursuivre les échanges sur la condition féminine. Achille voulant plaire a joué des percussions, les mains fermes, la jambe dans le rythme, j'avais la larme à l’œil. Je ne m'étais pas couchée aussi tard des vacances, 22h32! Était-ce l'émotion de l'après fête, les terreurs nocturnes de Charlie ou le long trajet du lendemain, la nuit fût chaotique. Pas d'exception à la règle du réveil de 7h00! A 8h00 le petit-déjeuner était servi, je pouvais lire dans quelques esprits qu'ils apprécieraient la grasse matinée du lendemain. Ce fût mon dernier instant de liberté avant la mise en voiture. Charlie craignant ne pas être du voyage tenait ma jambe, Achille réclamait à manger, et Zoé refusait de ranger ses jouets "je veux rester avec Léa, en plus elle a une DS". La voiture chargée, la tétine d'Achille avait encore disparu, mais fût retrouvée dans le sac de linge sale, lui-même placé au fond du coffre, sous la valise de zoé derrière les pots d'agapanthes donnés par une voisine généreuse. Je bouillais intérieurement, pas loin d'envoyer tout le monde sur les roses, j'étais tiraillée entre l'envie de me cacher au fond d'un lit, de partir en courant comme le font les héros de films dramatiques, mais encore une fois j'ai opté pour la non violence "j'entends ma chérie que tu es frustrée de quitter Léa que tu ne vois que rarement", "j'entends mon chéri que tu ....", "j'entends mon chéri que tu as besoin d'aide.........." J'ai entendu que malgré l'envie de prolonger les vacances, il était grave temps que je parte avant que ça dégénère! Juste le temps de faire de grands signes d'au revoir façon "chtis" Charlie s'était endormi ce fût là ma seule victoire, Zoé a profité des 4 heures de voyage pour me prouver que l'acquisition d'une DS arrangerait les choses pour nous deux "Au moins je ne m'ennuierais pas et je te demanderais pas sans arrêt si on est bientôt arrivés".Je me sens légère d'être de retour dans un nid pas rangé mais avec lui, enfin, à nos côtés, lui dire nos aventures de vacances.