Où vont les oies sauvages

La mer d'un côté, la campagne de l'autre, et une dizaine d'oies sauvages qui partent au soleil. Zoé s'est émerveillée, puis m'a demandé où vont les oies sauvages quand elles quittent le froid, en fait j'ai toujours entendu dire que leur départ vers la chaleur est signe de l'arrivée du froid, mais je ne sais pas vraiment où elles se posent. Depuis quelques jours nous nous préparons au décollage pour le sud mais j'ignore, comme pour ces grands oiseaux,  où nous poserons nos valises. Beaucoup de cartons dans la maison, vides ou pleins. S'assurer d'avoir bien partager un pur moment d'amitié  avec ceux qui ont coloré les 3 années passées ici. Je n'aime pas les semaines qui précèdent le départ. On ne sais plus très bien si on appartient toujours au groupe si on va regretter les chemins empruntés si souvent, finalement par habitude. Le café des parents, l'atelier couture, les midis chez Claire, les activités du mercredi, les balades sur le port, les dimanches à la mer...Depuis que nous savons que nous partons c'est comme si je flottais entre ici et làbas où il faudra tout recréer. J'ai des  moments de blues quand je pense à tout ce que je vais perdre, les repères qui ce sont fixés ces 3 dernières années, s'en suit de l'euphorie, l'appel du changement qui fini par s'inscrire dans mes gênes. Je me souviens, lorsque papa nous annonçait une nouvelle mutation, de l’excitation que nous ressentions mon frère ma sœur et moi à l'idée d'avoir une nouvelle maison de préférence encore plus grande et plus belle. La couleur de la nouvelle tapisserie, des rideaux...Ces départs ne m'évoquent aucune douleur, c'était la suite logique, on comptait les années, au bout de 4 on pariait sur la destination. Les voyages m'ont façonné, et j'aime ce qu'ils ont fait de moi. Nous allons cette fois perdre la mer, mais gagner en végétation et en patrimoine. Face à l'inconnu, je me blottis dans l'image de grands espaces, d'une vielle maison en pierres sèches et sa grange, de nos amis nombreux, venus de partout partager notre table sous la tonnelle. Le réconfort de ses liens tissés au fil du temps qui aide à poursuivre l'ouvrage, qui sait, s'achèvera peut-être là où l'on va, dans le Lot.