Sur mon île

J'aurais pu être seule sur une île au milieu d'une mer calme, sous un soleil caressant, sans contrainte ni pendule, au lieu de ça se sont écoulés onze jours empreints d'une agitation générale, d'une coopération inexistante, sous un vent d'automne et sans internet ni bois pour la cheminée, une île désenchantée. Déconnectée, les deux premiers jours j'étais pleine d'espoir, free m'avait entendu, ça ne durerait pas, et puis le troisième jour, j'ai compris que ça allait durer.  Alors j'ai cousu un corsage volanté, préparé le patron de la tunique boutonnée, du pantalon bouffant taille deux ans. J'ai trié les vêtements qui débordaient de la grande armoire, pas pour y privilégier robes légères et décolletés, non, j'ai l'impression que pour cela aussi il faudra attendre. Et  il y a ces instants, des surprises que nous n'attendions pas. Comme l'invitation d'une passion à partager, Zoé a reçu son premier sac rose avec des fleurs et des clubs tous brillants. Pas  vraiment écolo, made in china, mais son carton de grande taille a été en quelques heures recyclé en bus londonien bien rempli, ne manquait que l'étage. Dans la balance du bon du moins bon, elle a penché du côté sombre ces derniers jours. J'avais envie de peindre tout en rose de voir le soleil briller sur les moments critiques, mais je n'ai pas trouvé la force suffisante, j'avais perdu mon pouvoir magique, on m'avait volé ma baguette. Je ne sais plus si les averses du dehors, la fatigue du dedans ou les conflits de l'entre deux ont pesé trop lourd, aussi je partirais bien légèrement, sans bagages sur une île sans souci quelques jours.