Coeur de Mère

Deux jours de grisaille, une faible pluie qui tombe, une soirée passée sans enfants, des vacances toutes proches, de la fatigue, autant de mélancolie dans le cœur d'une mère qui a ses raisons que la raison elle-même ignore.

Achille est venu profiter d'une place libre à mes côtés. Il semblerait qu'il apprécie ce moment renouvelé chaque matin recroquevillé dans sa position de bébé pas encore né. Un moment fugace interrompu par une demoiselle qui réclame sa part de câlin rien qu'à elle.
La fatigue est palpable malgré le repos de la nuit. Les émotions éclatent sans plus de gestion possible. Je voudrais serrer ma fille dans mes bras mais elle ne veut plus, lui montrer que j'entends sa frustration, elle ne m'écoute plus, je laisse le temps adoucir ses envies.
Ainsi s'écoulèrent nos premières heures.
Charlie semble avoir tout oublié de la veille, la nouvelle babysitter, le départ de papa et maman, sa détresse de 60 minutes dans les bras d'une inconnue, et le réconfort des bras de papa. Il ne se souviendra pas non plus de mon regard attendri, des mots doux glissés dans son sommeil. Égoïstement, j'aurais voulu qu'il n'attende que moi!
En voiture, je m'offre une pause, un recul sur les évènements du matin, sur mon rôle de mère. Je n'aurais pas voulu l'exercer autrement qu'à temps plein. Les sentir toujours proches, les entendre, les prendre contre moi dans les joies comme les peines. Mon cœur aurait une bouche immense et les avalerait entiers. Ils vivraient là, à l’abri des dangers, des tourments, ils seraient heureux et comblés pour toujours.
Seulement si mon coeur de mère parfois déraisonne, il n'ignore pas ma conscience qui dicte tout autre chose dans un effort de raison.